Bonjour à toutes et à tous 👋
Après une semaine plutôt intense, je profite des quelques heures de calme d’un vol vers Montréal pour écrire cette édition.
Cela devient une tradition : je participerai dans quelques jours au 12e Colloque International en Éducation. Cette année, j'ai la chance de co-organiser un symposium avec Florian Meyer (Université de Sherbrooke) et Laure Englebert (IHECS / Université libre de Bruxelles). Entre nous, je suis aussi excité qu'un enfant la veille d’un voyage à Disneyland ! Nous y réunissons des chercheur·euses passionné·es qui étudient comment le design peut transformer nos approches pédagogiques.
J'ai hâte de vivre ce moment, et en même temps je l'appréhende un peu : cela fait sept ans que je n’ai plus présenté un projet de recherche mené pendant plusieurs mois. Avec David Vellut, nous présenterons la première recherche menée au sein du LXD Lab. Nous avons interrogé une vingtaine de professionnels (formateur·rices, enseignant·es, ingénieur·es pédagogiques, responsables formation, etc.) qui intègrent le design dans leurs pratiques pédagogiques. Notre objectif ? Définir ce fameux "Learning Experience Design" dont tout le monde parle, mais que peu savent vraiment expliquer. Nous tentons également de décrire les manières dont elles et ils s’approprient ces outils et analysons leurs perceptions de l’efficacité de cette démarche.
Et puisqu'on parle de design... devinez quoi ? C'est justement le thème central de cette édition !
Je vous propose de découvrir comment le design thinking – ou la pensée design – peut vous aider à repenser votre manière de concevoir les formations pour les rendre plus attractives aux yeux de vos participant·es. Cette approche a transformé mes pratiques, et j’espère que cet article vous donnera envie de la tester par vous-même.
Au programme :
Ma rencontre avec le design thinking (et comment ça a tout changé)
Qu’est-ce que le design thinking ?
Pourquoi devriez-vous y intéresser (même si vous êtes sceptique) ?
Les 5 étapes pour transformer vos formations
Comment débuter (même si vous n'y connaissez rien) ?
Quelques ressources pour aller plus loin
Cette édition est propulsée par OpenClassrooms
Lorsque vous concevez une formation, vous pensez probablement à bien définir vos objectifs pédagogiques, définir des méthodes qui suscitent l’engagement, proposer une variété d’activités, etc.
Mais pensez-vous à l’impact environnemental de vos choix pédagogiques ?
Le nouveau livre blanc d'OpenClassrooms, "Éco-conception & ingénierie pédagogique : vers des formations en ligne plus responsables", ouvre une perspective essentielle – et qui me tient particulièrement à cœur – pour notre métier.
C’est pragmatique, sourcé, profondément utile. Et ça fait du bien de lire un document qui ne diabolise pas, mais aide à réfléchir et agir concrètement.
Vous y trouverez des repères clairs pour mesurer votre impact numérique, et surtout, des pistes concrètes pour repenser vos pratiques à chaque étape :
Cadrage : privilégier la curation avant la création, questionner les formats énergivores, adopter des méthodes agiles.
Conception : anticiper l'obsolescence, choisir des outils à faible impact, fractionner intelligemment vos ressources.
Intégration : optimiser les médias, paramétrer votre plateforme sobrement, rationaliser le stockage.
Diffusion : impliquer les apprenant·es dans une démarche responsable avec des gestes simples.
Le plus intéressant ? Ces pratiques d'éco-conception améliorent souvent l'efficacité pédagogique de vos formations : des vidéos plus courtes captent mieux l'attention, des contenus modulaires s'adaptent aux besoins réels, des images optimisées accélèrent le chargement des pages, etc.
Un document à mettre entre toutes les mains de celles et ceux qui conçoivent des formations – et veulent intégrer l’éco-conception dans leur quotidien professionnel. C’est gratuit, et vous n’avez même pas à entrer une adresse e-mail !
Comment rendre vos formations plus engageantes grâce au design thinking ? 🪄
⏱️ Temps de lecture : 12 minutes

Avez-vous déjà conçu une formation avec passion, peaufiné chaque détail, anticipé chaque question... pour finalement voir vos participants consulter discrètement leurs e-mails pendant vos explications ?
Ou peut-être avez-vous créé ce module e-learning parfait, validé par tous les experts, mais que vos apprenants semblent traverser en mode "pilote automatique" ?
J’ai vécu ce type de situation à plusieurs reprises, et aujourd’hui j’ai pris conscience de la principale cause de ces situations : j’avais conçu mes formations en fonction de ma vision de l'apprentissage, en oubliant ceux qui étaient au cœur de l'aventure… Les apprenants eux-mêmes.
Dans cette édition, je vous partage mon changement de posture, et la manière dont je me suis réapproprié les principes, méthodes ainsi que les outils du design thinking pour les utiliser dans des projets de conception de formations ou d’expériences d’apprentissage.
Attachez vos ceintures, ça pourrait bousculer quelques-unes de vos certitudes !
Ma rencontre avec le design thinking
Septembre 2018. Je prends mon courage à deux mains et je saute dans l'inconnu : exit le confort universitaire, bonjour l'entrepreneuriat ! Je fonde Caféine.Studio avec l'ambition folle d'aider les organisations à réinventer leurs approches pédagogiques.
Mon premier gros client ? hub.brussels, l’Agence bruxelloise pour l’entrepreneuriat. Leur défi était simple à formuler mais épineux à résoudre : leur équipe R&D produisait des rapports scientifiques que... personne ne lisait. Vous voyez le tableau ?
Je me retrouve face au "Guide d'accompagnement pour les candidats chocolatiers à Bruxelles" – oui, c’est un sujet d’importance en Belgique. 90 pages denses, techniques, impeccables sur le fond... mais absolument pas adaptées aux artisans chocolatiers qui courent toute la journée entre leurs fournisseurs et leur atelier !
Mon premier réflexe ? Réunir les compétences et ingrédients dont j’ai l’habitude : des méthodes d’analyse des usages, de l’ingénierie pédagogique, des techniques de prototypage rapide et une approche de co-conception – car il s’agit de travailler avec 10 chercheurs de l’équipe.
Mais il manque un truc… Un processus pour embarquer tout le monde.
Et puis… J’ai une épiphanie !
Je repense au livre “Design Sprint” découvert quelques mois plus tôt, et surtout à son sous-titre : “Résoudre des problèmes et trouver de nouvelles idées en cinq jours”. J’adapte cette méthode, habituellement utilisée pour le développement de produits, au monde de la formation : le Learning Experience Design Sprint (LXDS) était né.
Mon but était simple : créer en cinq jours une expérience d’apprentissage au sein d’une organisation conforme aux objectifs pédagogiques ainsi qu’aux contraintes de l’environnement.
Ces cinq jours ont été intensifs, chaotiques parfois, mais incroyablement révélateurs :
Jour 1 : nous nous sommes littéralement mis dans la peau des chocolatiers. On a plongé dans leur vécu, cartographié leurs obstacles et surtout identifié comment la publication pouvait les aider.
Jour 2 : chacun a esquissé sa vision idéale pour transformer cette publication.
Jour 3 : nous avons analysé les propositions du groupe, et convergé vers une approche commune.
Jour 4 : nous avons prototypé un guide interactif en ligne "Ouvrir et développer sa chocolaterie".
Jour 5 : le moment de vérité : un test du prototype avec de vrais chocolatiers et des professionnels du métier (stressant mais tellement instructif !).
Le résultat ? Un guide qui accompagne pas à pas les chocolatiers dans leur aventure entrepreneuriale, toujours en ligne aujourd'hui. Et une démarche qui s’est transposée à d’autres publications comme le “Baromètre de l’entrepreneuriat féminin à Bruxelles”.
Ces cinq jours ont joué un rôle crucial dans ma manière d’envisager la conception pédagogique.
La genèse d'une posture de designer
Sans le savoir, ce premier projet m’a amené à poser les fondements de l’approche que je développe et documente depuis. Et surtout, il m’a aidé à développer une posture de designer plutôt que d’expert pédagogique.
Avouez-le : combien d'entre nous commencent par penser au contenu, puis aux activités, et seulement ensuite (quand on y pense) aux apprenants ?
Nous créons des parcours pédagogiquement cohérents, avec un bel alignement entre objectifs, méthodes et évaluations... Si l’intention est louable sur le plan théorique, elle peut donner des dispositifs pédagogiquement cohérents, mais très peu adaptés aux profils, aux besoins et aux attentes des apprenants – Marc Romainville en parle parfaitement dans cet article.
En adoptant une posture de designer, j'ai appris à inverser complètement cette logique. Maintenant, je me pose trois questions essentielles :
Pourquoi les futurs apprenants veulent-ils vraiment développer ces compétences ? (Et non pas pourquoi “je” pense qu'ils devraient les développer).
Qu'est-ce qui les motivera suffisamment pour dépasser les inévitables obstacles ?
Comment utiliseront-ils concrètement ces compétences dans leur quotidien ?
Et vous savez quelle est la méthode révolutionnaire pour répondre à ces questions ? Aller leur parler. Directement. Sans filtre. Révolutionnaire, non ?
Croyez-moi, les hypothèses que nous faisons sur nos apprenants sont souvent à des années-lumière de leur réalité. J'ai arrêté de présumer que je savais ce dont ils avaient besoin. J'ai commencé à vouloir mieux appréhender leur réalité, et à aller leur demander.
Qu'est-ce que le design thinking ?
Le design thinking, c'est avant tout une approche de conception qui remet l'humain – dans notre cas, l'apprenant – au centre de tout.
Imaginez un instant : et si, au lieu de partir de votre expertise et de vos contenus, vous commenciez par explorer ce que vivent réellement vos apprenants ? Leurs frustrations quotidiennes, leurs aspirations secrètes, leurs contraintes invisibles ?
Cette approche se caractérise par deux grands mouvements, souvent représentés sous la forme d’un "double diamant" :
Le premier diamant concerne la définition du problème : on commence par explorer largement (divergence) avant de raffiner et préciser (convergence).
Le second diamant porte sur la recherche de solutions : on génère de nombreuses idées (divergence) avant de sélectionner et d'affiner la plus prometteuse (convergence).
Le design thinking cherche l'équilibre parfait entre :
ce que l’organisation souhaite réaliser sur le plan opérationnel (le développement de certaines compétences) ;
ce que les apprenants perçoivent comme utile, pertinent, engageant et comme une utilisation valable de leur temps et de leurs efforts.
ce qui est concrètement réalisable avec les contraintes (temps, budget, ressources humaines, technologie, etc.).
Bref, l’idée est de combiner la rigueur analytique nécessaire à la compréhension d'un problème complexe avec la créativité indispensable pour imaginer des solutions innovantes, le tout saupoudré d’intelligence collective.
Pour cela, le design thinking se déploie généralement en cinq étapes :
L'exploration (ou empathie) : comprendre en profondeur les besoins, contraintes et aspirations des apprenants.
La définition : formuler clairement le problème ou l'enjeu pédagogique à résoudre.
L'idéation : générer un maximum d'idées de solutions possibles.
Le prototypage : concrétiser rapidement les idées les plus prometteuses.
Le test : confronter les prototypes aux utilisateurs pour recueillir leurs retours.
Pourquoi adopter le design thinking ?
Il y a trois pièges dans lesquels on peut facilement tomber comme concepteur d’une formation :
Un manque de clarté sur les résultats attendus : on ne comprend pas exactement ce que l’organisation souhaite accomplir, ou pourquoi la formation est commanditée. Sans destination précise, impossible de concevoir un bon itinéraire ! Et pourtant, on avance tête baissée.
Beaucoup de suppositions, et pas assez d'empathie : on recueille des données démographiques sur les apprenants, mais on ne prend pas le temps de comprendre leur réalité quotidienne (ce qu'ils pensent, ressentent, voient, entendent et font). Rares sont les organisations qui impliquent réellement les apprenants dans la conception des solutions qui leur sont destinées.
La formation est conçue comme un événement plutôt que comme un parcours ("Une journée de formation et le tour est joué !" - si seulement...) : l’apprentissage n'est pas un événement ponctuel, c'est un voyage qui nécessite plusieurs occasions de découvrir, acquérir, pratiquer et améliorer ses compétences.
Ces trois pièges sont tellement courants qu'ils sont presque devenus la norme. Je pense d’ailleurs être tombé dedans dans la plupart des dispositifs que j’ai accompagnés lorsque j’étais à l’université.
Face à eux, le design thinking offre une alternative rafraîchissante :
Il oblige à sortir de son bureau pour rencontrer les apprenants là où ils sont.
Il pousse à tester rapidement les idées avant d'investir des mois dans leur développement.
Il transforme la conception pédagogique d'une activité solitaire à une aventure collective.
Mais au-delà de ces avantages, ce que j'apprécie particulièrement dans cette approche, c'est qu'elle transforme profondément notre posture. On passe d'une position d'expert qui détient le savoir à celle d'un designer qui conçoit des expériences d'apprentissage centrées sur les besoins des apprenants et le contexte.
Comment mettre en œuvre le design thinking ?
Étape 1 · Explorer pour comprendre vos apprenants (ou comment sortir de sa bulle)
La première phase consiste à comprendre qui sont vos apprenants, ce qui les motive, leurs contraintes, leurs expériences antérieures et leurs aspirations. C'est ce que j'appelle la phase d'exploration – souvent nommée "empathie" dans la littérature classique du design thinking.
Pour mener à bien cette exploration, vous pouvez utiliser différentes techniques :
Mener des entretiens utilisateurs ou des focus group : discuter directement avec vos futurs apprenants ou d'anciens participants.
Observer les (futurs) participants : observer les apprenants dans leur contexte réel d'apprentissage ou de travail pour saisir leur réalité, découvrir leurs pratiques, appréhender leurs difficultés.
Élaborer un persona ou une carte d’empathie : structurer vos résultats dans des outils qui offrent un aperçu du profil des apprenants, de leurs besoins, de leurs difficultés, etc.
Créer une carte d’expérience : définir les principales actions que la personne mène pour faire émerger les émotions, les difficultés, les frictions, les détournements, les compétences à développer, etc.
Laissez-moi vous partager un exemple concret. J'ai travaillé avec une association d'éducation au numérique qui formait des enseignants. Leur problème ? Ces enseignants ne mettaient que trop rarement en pratique ce qu'ils apprenaient. Au lieu de blâmer les enseignants ou de revoir le contenu à l'aveugle, nous sommes mis à leur place. Nous avons découvert que ces professionnels faisaient face à des obstacles bien réels :
Ils doutaient de leur capacité à animer des activités numériques.
Ils ne se sentaient pas légitimes pour intégrer ces nouvelles pratiques.
Ils manquaient d'un processus clair pour passer de la théorie à la pratique.
Ils se sentaient isolés, sans personne avec qui échanger.
Vous voyez la différence ? Au lieu d'un vague "ils n'appliquent pas ce qu’on leur dit de faire", nous avions découvert une série d’obstacles concrets à surmonter !
Étape 2 · Définir le véritable enjeu pédagogique (ou comment poser la bonne question)
On attribue à Einstein la citation suivante : "Si j'avais une heure pour résoudre un problème, je passerais 55 minutes à définir le problème et 5 minutes à trouver la solution."
Sage homme, ce Einstein !
Cette étape consiste à synthétiser tout ce que vous avez appris pour formuler clairement le vrai problème à résoudre. Et croyez-moi, ce n'est presque jamais celui auquel vous pensiez au départ !
J'aime utiliser la formule magique "Comment pourrions-nous… [insérer le problème]" qui ouvre la porte à la créativité tout en cadrant la réflexion.
Dans l'exemple de l'association d'éducation numérique, nous avons reformulé le problème de la manière suivante : "Comment pourrions-nous renforcer le sentiment d'efficacité personnelle des enseignants et faciliter la mise en œuvre d'activités d'éducation numérique après les formations, de manière automatisée ou peu coûteuse en ressources ?"
Cette formulation intègre :
Le vrai blocage des enseignants : le manque de confiance et de processus pour appliquer en classe.
L'objectif de l’association : l'implémentation des activités.
Les contraintes : les ressources limitées de l'association qui ne peut proposer un accompagnement individuel.
Une fois ce cadrage posé, les solutions deviennent beaucoup plus évidentes !
Étape 3 · Générer des idées sans restriction (ou comment libérer la créativité)
Voici l'étape la plus joyeuse ! C'est le moment de laisser libre cours à votre imagination et de générer un maximum d'idées.
Oubliez le traditionnel brainstorming où la personne qui parle le plus fort impose ses idées. J'ai quelques techniques secrètes dans ma manche pour que tout le monde puisse contribuer (et je vous invite à aller explorer celle qui vous intéresse le plus) :
Le brainwriting : chacun écrit ses idées en silence, puis on fait circuler les feuilles pour s'inspirer mutuellement. Parfait pour les introvertis !
Le Crazy 8's : 8 idées en 8 minutes, une par case, en les dessinant si possible. J'adore voir la panique initiale se transformer en créativité débridée quand le chronomètre tourne !
La méthode "Solutions simples / Solutions folles" : pour chaque défi, les participant·es imaginent deux solutions réalistes ET deux complètement folles. Ensuite, on fait circuler pour améliorer les idées. Vous seriez surpris de voir combien d'idées "folles" finissent par être adaptées en solutions brillantes !
Le speedstorming : comme un speed dating mais pour les idées. On change de partenaire toutes les 3 minutes pour croiser les perspectives.
Mes ingrédients secrets pour stimuler la créativité ? Le temps court (rien n’encourage plus l'imagination qu’une deadline imminente) et les contraintes créatives ("Et si votre solution devait tenir dans la poche ?", "Et si votre formation ne pouvait durer que 5 minutes ?").
J'ai vu des équipes pédagogiques habituellement très conventionnelles produire des idées absolument brillantes grâce à ces techniques !
Étape 4 · Prototyper rapidement (ou comment matérialiser vos idées sans vous ruiner)
Le prototypage est souvent mal compris : il ne s'agit pas de créer une version bêta, ou minimale de votre formation complète. L'objectif est de matérialiser juste assez votre idée pour pouvoir la tester et l'améliorer. C'est comme faire un croquis avant de peindre une fresque.
Si votre idée est de créer une newsletter pour soutenir les enseignants, le prototype ne sera pas les trois éditions complètes de cette newsletter. Ce sera plutôt une page de présentation avec la promesse, le contenu type, et peut-être le premier article. Cela afin de tester l’intérêt du public pour le format, le contenu et l’approche globale.
J'ai vu des prototypes prendre toutes les formes imaginables :
Unstory-boardd dessiné sur un paperboard.
Une maquette d'interface réalisée avec des Post-it.
Un script d'une vidéo pédagogique joué devant l'équipe.
Une simulation de jeu de rôle avec des accessoires improvisés.
Je vous partage tout un tas de pistes dans l’article : “De l’idée à la réalité : 5 techniques de prototypage pour concevoir une expérience d’apprentissage”.
L'important est de créer quelque chose de tangible que vos futurs apprenants pourront expérimenter. Quelque chose qu'ils pourront critiquer sans que vous vous sentiez attaqué personnellement !
Étape 5 · Tester et itérer (ou comment apprendre à aimer la critique)
Voici le moment de vérité : confronter votre prototype à de vrais utilisateurs !
C'est aussi le moment où j'ai vu le plus de concepteurs pédagogiques (moi inclus !) tomber dans des pièges classiques :
Sur-expliquer leur prototype ("alors en fait, imagine que ça, ce serait un bouton...")
Défendre leur idée face aux critiques ("oui, mais tu comprends, l'idée c'est que...")
Poser des questions orientées ("tu trouves ça bien, n'est-ce pas ?")
Voici mes règles d'or pour des tests efficaces :
Présentez minimalement votre prototype, et ensuite taisez-vous !
Observez comment les utilisateurs interagissent naturellement avec lui.
Posez des questions ouvertes ("que pensez-vous de...?" plutôt que "aimez-vous ceci... ?")
Utilisez un maximum de “pourquoi” pour comprendre leurs pensées.
Accueillez toutes les critiques comme des cadeaux (même si ça fait mal).
Notez tout : les points forts et les points à améliorer.
Et après ? Vous retournez à votre table de travail, vous améliorez votre idée, et vous recommencez ! Les meilleures solutions émergent rarement du premier jet.
La dimension collaborative du design thinking
Même si j’en ai parlé implicitement, j’ai gardé un de mes secrets préférés pour la fin : la magie du design thinking opère vraiment quand on travaille en groupe.
Avez-vous déjà remarqué comment une idée, partagée à voix haute, peut être reprise et transformée par quelqu'un d'autre en quelque chose de bien plus puissant que ce que vous aviez imaginé initialement ?
C'est l'intelligence collective en action, et elle offre des avantages incroyables :
Des perspectives diverses qui enrichissent la solution.
Une créativité démultipliée par les interactions.
Un effet boule de neige où chaque idée en inspire une autre.
Une adhésion naturelle au projet, car on soutient plus facilement ce qu'on a aidé à créer (même si ce n’était pas nos idées).
J'ai vu des équipes complètement transformées par cette approche collaborative : des personnes habituellement discrètes devenir des sources d'idées brillantes, des conflits se transformer en créativité, des hiérarchies s'effacer au profit de la meilleure idée.
Par où commencer ?
Vous êtes tenté par l'aventure mais vous ne savez pas par où commencer ? Voici mon conseil le plus important : commencez petit, mais commencez maintenant !
Quelques idées pour vos premiers pas :
Débutez dans un environnement bienveillant : avec votre équipe ou des collègues de confiance.
Utilisez des formats courts et bien cadrés : mon article "3 heures pour créer ou améliorer un projet d'innovation pédagogique" peut vous guider pas à pas dans l’animation d’un atelier clé en main.
Adoptez une posture de facilitateur : résistez à l'envie de participer vous-même si vous animez.
Ne visez pas la perfection : ma première session était un joyeux chaos, et pourtant elle a donné des résultats formidables !
L'important est de vous lancer. Comme pour apprendre à nager, aucun livre ne remplacera jamais l'expérience de se jeter à l'eau !
Une transformation progressive, mais profonde
Le design thinking n'est pas une baguette magique qui transformera instantanément vos formations en expériences transcendantes. C'est plutôt une nouvelle paire de lunettes qui changera définitivement votre façon de voir l'apprentissage.
Avec le temps, vous développerez une empathie plus profonde envers vos apprenants. Vous deviendrez plus agile dans votre conception. Vous apprendrez à aimer l'incertitude et l'expérimentation.
Et surtout, vous ne verrez plus jamais vos apprenants de la même façon.
Alors, prêt à faire ce pas de côté ? À sortir de votre zone de confort pour co-créer des expériences d'apprentissage véritablement centrées sur vos apprenants ?
J'adorerais connaître vos premières expériences avec le design thinking ! Avez-vous déjà essayé ? Quels obstacles avez-vous rencontrés ? Quels succès avez-vous obtenus ? Partagez en commentaire ou répondez directement à cette newsletter !
À dans deux semaines pour une nouvelle extraction,
Nicolas ❤️
P.S. : Si cet article vous a plu, n'hésitez pas à le partager avec vos collègues formateurs, enseignants, ingénieurs pédagogiques ou responsables formation. Et si vous avez des questions sur le design thinking, je me ferai un plaisir d'y répondre !
Je vous partage quelques ressources pour alimenter votre exploration de la thématique du design thinking.
🎧 Journal Club - Épisode 5 : "Transformer ses pratiques pédagogiques grâce au design thinking”
Dans cet épisode de podcast, nous explorons, avec David, l'application du design thinking à la conception pédagogique. Nous partageons des exemples concrets, décortiquons les cinq étapes clés de cette approche, et offrons des conseils pratiques pour débutants. Parfait pour comprendre comment passer d'une posture d'expert à celle de facilitateur et rendre vos formations véritablement centrées sur l'apprenant.
📚 29 livres de design pour enrichir vos pratiques
J’ai compilé mes 29 meilleurs livres liés à des pratiques de design thinking, ou de conception centrée utilisateur·rice. Je suis encore en train d’enrichir cette base de données, et surtout de rédiger une courte critique pour chaque ouvrage. Toutefois, je vous invite déjà à y plonger, et à faire votre petite sélection.
📙 "Passer au design thinking" de Mélissa Aldana, Vincent Dromer, Yoann Leméni et Thibaud Guény
À mon sens, le guide incontournable pour débuter avec le design thinking. Cet ouvrage complet offre à la fois les fondamentaux théoriques, des conseils sur la posture de facilitateur·rice, et plus de 60 outils pratiques pour animer vos ateliers de co-création. Un excellent point de départ pour s'approprier concrètement cette démarche et commencer à l'intégrer dans vos projets pédagogiques, même sans formation préalable. Idéal pour les novices qui souhaitent se lancer dans l'aventure du design thinking avec des méthodes claires et éprouvées.